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15 novembre 2012 4 15 /11 /novembre /2012 18:05

[EDIT : Ce n'est pas la fin de l'interview !! Je la fragmente en plusieurs parties pour éviter les gros blocs, et puis j'upload au fil de ma progression. J'ai encore 4 pages qui m'attendent (ou un truc comme ça) :D  Et non, l'interview prendra pas un ton plus léger.. désolée lol]

 

Oh je vois.  Par contre l’année dernière, vous n’avez pas pu endurer plus.

Kyo : Pour être franc, j’ai un peu trop forcé lors de la tournée de mars. Et quand elle s’est terminée et que je suis rentré, je ne savais pas trop dans quel état j’avais laissé ma gorge. Le docteur à l’hôpital m’a parlé du concept d’ « athlète de la voix ».

 

                Athlète ?

Kyo : En gros, je l’utilise trop. Je me suis surmené, m’a dit le docteur. La gorge aussi est un muscle. Donc, si chaque jour je lui fais faire de gros efforts, elle ne peut pas se reposer. Le docteur m’a conseillé d’arrêter, et il avait raison. J’ai donc décidé de me mettre en pause.

 

                A ce stade, dès que vous chantiez, votre voix finissait par vraiment s’affaiblir. C’était  difficile comme situation ?

Kyo : On peut dire ça…  J’étais surtout pris d’impatience. Quelque part, je me disais aussi que c’était déjà trop tard, que je m’en foutais un peu, à certains moments.

 

                Euh, attendez… vous parlez de votre voix n’est-ce pas ? Du fait de ne pas pouvoir l’utiliser…

Kyo : D’habitude, quand on parle d’un chanteur, on pense que son moyen d’expression est de chanter ses chansons. Mais moi, je n’utilise pas que la chanson, j’utilise aussi mon corps et ma sueur, j’utilise plein de choses pour m’exprimer. Donc, même si ma voix est brisée, je peux toujours me dire que j’ai toujours un autre moyen de faire passer mon message. Bien sûr, ça arrive que je me dise que j’aurais bien aimé pouvoir atteindre certaines notes, lors de passages ou la voix monte assez haut. Mais il y a aussi quelque chose de bien à ne pas pouvoir l’atteindre, il y a toujours ce qu’on veut faire passer, selon moi.

 

                Nous l’avions déjà dit auparavant, mais il y a un message qui passe, dans la force de ce sentiment de vouloir atteindre une note impossible à atteindre.

Kyo : En effet. Cela dit, ça m’énerve parce qu’il y a des gens qui écoutent en surface, et qui se disent tout simplement : « ah sa voix ne sort pas ». Enfin bon... c’est pour ça que je ne me préoccupais pas tellement de savoir si ma voix allait suivre ou pas.

                Je vois. Par contre, cette fois le docteur vous a dit que si vous ne reposiez pas votre gorge, vous ne pourriez plus chanter du tout, n’est-ce pas ? Et c’est assez grave pour votre vie d’artiste, en tant que chanteur.

                Kyo : C’est bien possible. Mais j’en étais totalement incapable. Et puis j’ai déjà mon problème à l’oreille (ndlr : pendant une tournée en 2000, ils ont du reporter une série de concert après un problème au tympan, et il est resté en convalescence pendant 3 mois). A ce moment là, c’était déjà plus important du tout. Dans ma tête.

 

                Non, c’est important ! vous vous souvenez de ce moment ?

Kyo : J’entends presque plus de l’oreille gauche. Je n’entends plus qu’un son très bas, un boooo’ en permanence. Et je n’entends presque plus le son de la TV du côté gauche. C’est extrêmement désagréable. Mais à ce moment là, j’avais un traitement et j’avais réussi dans une certaine mesure à guérir. Mais je suis de nouveau tombé malade, et ça a rechuté très vite. Et depuis… ça n’est jamais revenu à la normale. C’est pourquoi aujourd’hui, je n’entends presque plus les sons graves de l’oreille gauche.

 

                C’était un choc, quand vous ne pouviez plus entendre ?

Kyo : A l’époque oui. Je me demandais ce que j’allais faire si je devenais sourd. Puis je me suis dit que ce n’était pas grave.  Plutôt que d’être désespéré, de me résigner, j’ai décidé de réfléchir à ce que  je pourrais faire ensuite.  Je me suis demandé : « qu’est-ce que je peux faire ? ». Je me suis posé de moi-même la question de savoir ce que je pouvais faire, si j’étais incapable de chanter. A partir de ce moment, j’ai vraiment réussi dépasser tout ça.  Je me disais : « on sait jamais ce qui peut arriver, donc autant éviter d’avoir des regrets ». Et c’est depuis cet incident que j’ai développé cette avidité pour l’expression de soi. Je me suis posé des questions telles que : « que suis-je ? » ou « quels sont mes moyens d’expression, comment exprimer ce qui me représente ? ». J’ai envie de livrer cette bataille en étant à 100%. C’est devenu ma façon de voir les choses.

 

                Comment était le Kyo avant cette maladie ? Avant, nous n’étiez pas aussi avancé sur la réflexion concernant les moyens d’expression.

Kyo : La base n’a pas changée, mais j’étais naïf je pense. Naïf vis-à-vis de moi-même, vis-à-vis de l’expression de soi. Et dans l’expression même, il y a les questions de la forme adoptée, de la façon de procéder … C’est difficile à expliquer avec des mots. Je n’étais pas encore arrivé au point de me demander qui j’étais. Mais une fois qu’un tel incident arrive, vous vous posez la question. « Si je ne peux plus chanter, je fais quoi ? ». Jusque là, je n’ai toujours eu que la musique. J’ai arrêté l’école à 16 ans et depuis je n’ai eu que la musique, et si je n’avais pas choisi cette voie, je crois que je serais quelqu’un de vraiment désespéré.

               

                Oui…. Donc vous vous êtes inquiété, vous avez eu peur de ce qui pourrait se passer si vous ne pouviez plus chanter. ..

Kyo : Mais je n’ai pas cherché à fuir. Je n’étais pas désespéré et je n’ai pas cherché à contourner ce problème.  J’ai voulu savoir comment le confronter. Et grâce à ça, j’ai pu approfondir mes réflexions sur les moyens d’expression ou sur moi-même. Et je me dis que c’est pas plus mal au final.

 

                Est-ce que c’est pareil cette fois ? Si on vous dit « Si vous continuez, vous ne pourrez plus chanter ».

Kyo : Comme je l’ai dit tout à l’heure, ça reviendrait juste à me retirer un moyen d’expression parmi d’autres.  Mais, j’entends une petite voix dans ma tête qui me demande « Si tu ne peux plus chanter, c’est la fin pour toi ? ». Et je me réponds par « Non ! C’est faux ! ».  J’ai toujours un autre « moi » dans la tête qui me dit « alors, s’en est fini de toi ? ». C’est pour ça que j’ai une avidité envers tout ce qui concerne l’expression. Je l’ai dit plus tôt : je fais ce que j’ai envie de faire, peu importe ce qu’on me dit.

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